Trois jours après mon arrivée à Fuerteventura je suis allé à Tefia un petit village sur un plateau entouré de montagnes, une réminiscence d’un monstrueux cratère – le plus vieux de toutes les Canaries.  La terre est sèche, rouge, le soleil y brule. Autrefois à Tefia il y avait un aéroport – le premier sur l’île. Il en est resté une large chaussée d’asphalte qui coupe le paysage et quelques bâtiments adaptés à des fins d’habitation et industrielle. Sur une petite élévation à l’ouest du village se trouvent l’observatoire astronomique et une auberge de jeunesse. À côté, les enfants folâtrent sur le tout nouveau terrain de jeu. Le vent y tournoie, gronde et disloque les nuages qui approchent depuis l’océan, grâce à cela l’endroit est idéal pour l’observation des étoiles.  La nuit, le brocart répandu sur le ciel et la voie lactée semblable aux fils de soie d’une toile d’araignée, paraissent à portée de main. On y voit distinctement les étoiles et les planètes d'une façon vraiment irréelle. Les lumières pâles solitaires du village ne troublent absolument pas la vue, elles illuminent les porches et les entrées des maisons de plain-pied. Pendant la journée les troupeaux de chèvres courent sur le plateau sablonneux en broutant les tabaibas. Un couple de vautours percnoptères tourne haut dans le ciel, rappelant les aiguilles d’une montre qui se déplacent sur un grand disque azuré. On entend le braiment de l’âne et le gémissement de la noria.