Ne m’ordonnez pas de mourir avant l’aube
Le jour qui vient sera
Comme de petits enfants assemblés autour de l’arène d’un cirque
Incertains comme le morceau
De pain roulé à nu
Voyagent alors au-dessus de nous des brumes fortuites
Aux ailes pliées
Du faucon qui attaque
Tu sens le parfum de l’horizon
Avili tremblant de honte
Comme une femme violée
Lors d’une telle aurore sur le seuil des maisons les anciens s'assoient
Ils redressent leurs dos voutés par la lumière
Approche plus près d’eux
Dans leurs mains tendues
Dansent leurs cheveux grisonnants
Vous êtes trop près les uns des autres
C’est ainsi justement qu’on peut se consumer
Avant que la nuit ne fléchisse sur ses genoux
Et que l’aube pourpre
Nous sépare de son souffle
C’est pourquoi se taisent toujours en nous les chemins
Au goût méconnaissable
Du mur les vieux calendriers tombent
Dans l’un d’eux il y a ton amour
Probablement par un oubli habituel
Tu n’as pas réussi à lui donner un nom
Avant la disparition de la pénombre les oiseaux de nuit meurent
Mon et ton murmure les tuent
J’écarte dans un coin mes sandales élimées
Je commence à écrire des vers
Quelque part une importune trompette joue
J’entends la voix rauque de Louis Armstrong
Et de nouveau je cours à travers la forêt en me blessant les pieds
Comme lorsque
Je ne pouvais me rattraper moi-même
Source : Bohdan Wrocławski - Przed świtaniem
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